
Marion Jaud
Vous faites quoi dans la vie ?
Je suis ingénieure de recherche CNRS en télédétection et coordinatrice du Pôle image et instrumentation (P2I) à l’IUEM depuis 2018. Mon rôle est d’assister et de conseiller les chercheuses et chercheurs lors de leurs projets de recherche et d’observation, via la mise en place de méthodes de mesure et de suivi des environnements côtiers et littoraux. Je fais principalement de la modélisation 3D sur différentes problématiques comme l’érosion du trait de côte ou bien les habitats benthiques par exemple, en travaillant avec de l’imagerie satellite, aérienne, drone et terrestre. Je veille à optimiser ces méthodes en choisissant le protocole, les équipements et services adaptés au besoin des chercheuses et chercheurs et en essayant de favoriser des approches low tech, low cost et grand public dans un esprit de science citoyenne et participative.
Pourquoi avoir choisi le domaine scientifique ?
J’ai toujours été curieuse du monde qui m’entoure, et des sciences en particulier. J’ai rapidement senti qu’une carrière scientifique pouvait me permettre de nourrir et satisfaire cette curiosité permanente.
La mer, une passion avant d’être un sujet de recherche ?
J’ai grandi en Auvergne, la mer n’était pas à côté ! Mais enfant, j’aimais beaucoup les histoires de pirates et de cartes au trésor. Cette appétence était très anecdotique au départ, mais elle s’est confirmée par la suite puisque dès l’âge de 12 ans, j’ai su que je voulais faire de la cartographie marine ! Après une formation en classes préparatoires, j’ai donc intégré l’ENSTA Bretagne. En parallèle de ma troisième année d’école d’ingénieur, j’ai fait un master de recherche en géophysique marine à l’IUEM, puis j’ai poursuivi mes études avec un doctorat en géosciences marines sur les méthodes de télédétection pour le suivi des transferts sédimentaires sur le littoral.
Qu’est ce que vous rêveriez de découvrir ?
Je souhaite contribuer à pratiquer nos sciences de façon plus optimisée en termes de qualité de nos données et de façon plus responsable, en phase avec les problématiques sociétales actuelles et futures. Cela implique de repenser et d’améliorer nos approches et méthodes pour faire aussi bien en matière de sciences tout en limitant l’usage des ressources écologiques et économiques. Cela peut nous amener avec ces pratiques plus sobres à innover encore plus. On a développé par exemple un dispositif où l’on place des GoPro sous un bodyboard, pour faire de la modélisation 3D sous-marine. On n’obtient pas les mêmes résultats qu’avec un sondeur multifaisceaux, mais cela permet d’atteindre d’autres environnements auquel un sondeur multifaisceaux ne pourrait accéder.
Quel est votre meilleur souvenir en tant que scientifique ?
Mes meilleurs souvenirs sont le plus souvent associés à des missions terrain, où je me trouve dans des situations et des cadres exceptionnels. Je ressens toujours un peu de pression, associée aux manipulations terrain, pour que le matériel fonctionne bien, que tout soit préparé et se passe comme prévu. Quand tout marche comme il faut, c’est le soulagement, la pression retombe et c’est là que je me dis que c’était un bon moment et que j’apprécie ! Parmi ces bons souvenirs, il y a le survol d’une zone d’érosion à la Réunion en hélicoptère pour faire des photos aériennes. J’avais l’appareil photo à la main, les pieds à l’extérieur avec la porte de l’hélicoptère ouverte, c’était hors du commun. J’ai la chance d’intervenir dans plusieurs formations et les moments avec les étudiantes et étudiants font partie également des bons souvenirs.