
Le bilan de la recherche de l'UBO propose un tour d'horizon de la recherche scientifique à l'université en 2024. Ce rapport présente une sélection des projets de recherche en cours et des résultats scientifiques des unités de recherche de l'UBO pour mettre en avant les collaborations, les réussites, les faits marquants ou les distinctions de l'année 2024 dans les quatre axes de recherche de l'université : sciences humaines et sociales, santé-agro-matière, numérique et mathématiques, sciences de la mer.
Édito de Raphaël Tripier, vice-président recherche et innovation, et Véronique Léonard-Roques, vice-présidente recherche sciences humaines et sociales.

2024 marque une étape emblématique pour la recherche à l’UBO, illustrant l’engagement de notre université au carrefour de la pluridisciplinarité, de l’excellence académique et de l’impact sociétal. Nos quatre instituts de recherche – l’Institut Brestois de Santé Agro-Matière, l’Institut Brestois des Sciences de l’Homme et de la Société, l’Institut Brestois Numérique et Mathématiques et l’Institut Universitaire Européen de la Mer – renforcent leur dynamique et multiplient les collaborations pour relever les défis contemporains.
En phase avec les enjeux sociétaux, notre recherche explore des domaines variés : patrimoines, créations et héritages, interculturalité, innovations biomédicales, transformations numériques et défis environnementaux. (...) Avec plus de 1800 publications, une participation à 40 projets internationaux ainsi que des contrats, brevets et licences établis en partenariat avec un vaste réseau industriel, l’UBO continue de rayonner sur la scène mondiale.Ce bilan, reflet de la diversité d’une recherche audacieuse et utile, invite à poursuivre cette aventure collective, en réponse aux défis de demain.
Chiffres clés




Budget
208,5 millions
total des revenus institutionnels
19,3 millions
revenus de la recherche
3,2 millions
revenus de la recherche provenant de l'industrie et du commerce
Découvrez ici quelques articles extraits du bilan de la recherche 2024. Consultez et téléchargez le bilan complet en bas de la page.
L’Alliance Universitaire de Bretagne obtient le label Science Avec et Pour la Société pour le projet STREAMS
Le projet STREAMS (Sciences - Terre - Recherches - Education - Arts - Mer - Société), coordonné par l'AUB, a reçu le label "Science Avec et Pour la Société" (SAPS) du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour une durée de 3 ans. Il va ainsi bénéficier d’un financement de 750 000 euros, pour renforcer les liens entre science et société en Bretagne, notamment dans le Finistère et le Morbihan. STREAMS met l'accent sur le « continuum terre-mer » avec l’ambition collective de mobiliser l’expertise scientifique et de mettre à disposition les connaissances et savoirs au service des territoires et de la décision publique pour la réussite des transitions écologiques et sociales.
« L’obtention du label SAPS pour le projet STREAMS va permettre de donner plus de visibilité à nos activités de recherche et de renforcer le lien avec la société. Une démarche qui correspond entièrement aux engagements de l’UBO de susciter des vocations scientifiques et d’éclairer le débat public, notamment au travers de projets Art & Science. » Étienne Hendrickx, vice-président Culture, Arts, Sciences et Société de l’UBO.
Festival RESSAC : une hybridation entre arts et sciences
« Il existe depuis très longtemps des liens entre les artistes et les scientifiques à l’UBO, explique Christine Paillard, co-directrice du festival RESSAC de 2019 à 2024. L’art apporte un regard différent sur un objet scientifique et fournit de nouvelles pistes de réflexion en donnant un côté plus sensible à la recherche. Il permet de développer son imaginaire et sa créativité. »
La troisième édition du festival RESSAC (REchercheS en Sciences Arts et Création) organisé par l’UBO, s’est déroulée du 19 au 23 mars 2024 sur le thème de la mue. Cet événement unique, vitrine de la recherche et de la création au sein de l’université a permis « de stimuler les recherches existantes à l’université, de faire collaborer la recherche scientifique et artistique sur des objets communs afin de créer des émergences imprévues et d’apporter un regard nouveau », résume Christine Paillard.
Riche de plus de quarante événements, cette édition 2024 était un condensé de propositions culturelles hybrides : expositions, concerts et créations sonores, spectacles et performances, expériences immersives, projections et conférences. Organisée tous les 2 ans, la prochaine édition du festival aura lieu du 10 au 14 mars 2026.
En savoir + : Festival RESSAC
3 questions à… Valère Ndior

En mai 2022, Valère Ndior, professeur des universités en droit public et chercheur au Lab-LEX (UR 7480), a été nommé membre junior de l’Institut universitaire de France (IUF), au titre de la Chaire innovation, pour son projet de recherche consacré à la gouvernance et à la régulation des réseaux sociaux.
Que représente pour vous votre nomination à l’IUF ?
Mon rattachement à l'IUF depuis 2022 me permet de construire et de développer mon projet de recherche sur une durée de 5 ans. Je bénéficie de crédits dédiés à ce projet et d'un aménagement de mon volume d'enseignement statutaire. Je mesure l'impact positif de ces moyens, qui libèrent du temps pour monter mes projets. Ils m'ont donné une impulsion dans ma carrière de chercheur, alors que je venais de m'implanter à l'UBO et au laboratoire Lab-LEX.
Pourquoi s’intéresser à la gouvernance des réseaux sociaux ?
L'encadrement des réseaux sociaux est un sujet d'une grande actualité, mouvant et difficile à cerner car il est susceptible d'être appréhendé par une variété de champs disciplinaires (droit, sciences de la communication, etc.). Je m'intéresse à ces plateformes depuis 10 ans, en tant que juriste, et m'évertue à mieux appréhender leur fonctionnement, notamment dans leurs rapports avec des acteurs publics et privés, à l'échelle internationale. Il y a encore beaucoup de travail à mener.
Quelles actions avez-vous déjà réalisées ?
Je viens de publier un essai (co-écrit avec E. Netter, Strasbourg). Dans le cadre de mon programme de recherche, nous avons publié plusieurs rapports, organisé de nombreuses rencontres impliquant la société civile et les institutions. Une école thématique va se tenir à la faculté DEGAES en avril 2025. Enfin, des partenariats ont été noués avec des équipes de recherche au bénéfice d'actions scientifiques et pédagogiques communes. Plusieurs chercheurs étrangers sont venus effectuer des séjours à l'UBO.
Un baromètre annuel pour mesurer les pratiques alimentaires durables des Français et leur confiance envers l’alimentation
La chaire « Pratiques Alimentaires Durables » (PADE), sous l'égide du LEGO (EA 2652), a dévoilé, le 16 mai 2024, son premier baromètre portant sur les pratiques alimentaires durables en France.
Plus de mille cinq cents participants ont répondu à leur enquête. Les résultats montrent que les Français ont globalement une confiance élevée envers l’alimentation et variable envers ses acteurs : élevée quand il s’agit des acteurs de proximité, relative envers la grande distribution, et faible s'agissant des industriels et l’agroalimentaire. Concernant les pratiques alimentaires durables, celles-ci ont été chahutées par la crise sanitaire et l’inflation. Conséquences directes : une baisse de l’achat en vrac et de produits issus de l’agriculture biologique notamment.
COREEB : le site de rencontre pour la recherche en éducation
« Notre objectif, c’est de faire de la recherche ensemble et de produire des résultats scientifiquement et utiles pour les acteurs de l'éducation. » indique Nathalie Bonneton-Botté, professeure de psychologie et directrice adjointe en charge de la recherche à l’INSPÉ de Bretagne.
Pour créer la rencontre entre acteurs de l'éducation et chercheurs en éducation, l’INSPÉ et la Région Académique Bretagne ont conçu une plateforme collaborative dédiée à la communauté de recherche en éducation en Bretagne (COREEB). « Cette plateforme permet à la fois de valoriser les résultats de recherche déjà produits, de faciliter les interactions entre acteurs de terrain et équipes de recherche, et de structurer la rencontre entre ces deux milieux. En effet, elle fait le lien entre des scientifiques qui cherchent une classe pour mener leur étude, et des enseignants qui souhaitent y participer ou proposer un projet. » Lancée fin 2024, COREEB compte actuellement onze projets en cours et les propositions continuent d'émerger.
Relever les défis scientifiques du 21ème siècle grâce aux mathématiques
En 2024 a démarré le programme de recherche « Mathématiques en interaction – Math-VivES ». Ce PEPR* Exploratoire de l’ANR, dans le cadre de France 2030, est financé à hauteur de 50 millions d’euros sur 10 ans. « L’objectif de ce programme est de faire dialoguer les mathématiques avec d’autres disciplines, afin d’innover et de faire émerger des solutions nouvelles dans trois domaines : le vivant, l’environnement et la société. Au démarrage du programme, nous avions déjà prévu dix projets. Au total, ce sont une soixantaine de projets de recherche qui pourront être financés grâce au PEPR, et notamment des projets expérimentaux, ce qui n’est pas dans nos habitudes en mathématiques », indique Vincent Calvez, chercheur CNRS au LMBA (UMR 6205) et co-directeur du PEPR. « Je suis également responsable d’un des projets de recherche financé par le PEPR. Ce projet, à l’interface entre mathématiques et biologie cellulaire, s’intéresse aux interactions entre communautés de bactéries pour comprendre leur géographie et modéliser leurs trajectoires grâce aux équations mathématiques. »
L’innovation au service de la défense : six nouveaux projets au Lab-STICC
Depuis 2011, le programme ASTRID (Accompagnement spécifique des travaux de recherches d’intérêt défense) accompagne des projets de recherche à caractère exploratoire et innovant dans le domaine de la défense, avec des retombées à la fois civiles et militaires. Ce programme est intégralement financé par l’agence d’innovation de défense (AID), en lien avec l’ANR.
Les axes de recherche du Lab-STICC (UMR 6285) s’inscrivent particulièrement dans les champs thématiques du programme ASTRID : ingénierie de l’information, robotique, cybersécurité, matériaux… Ainsi, trois projets ASTRID ont démarré en 2024 au Lab-STICC. Trois nouveaux projets ont été sélectionnés à l’issue de l’appel à projet 2024, pour un démarrage en 2025, l’un en partenariat avec le laboratoire, les deux autres coordonnés par des membres du Lab-STICC. Le projet CORSENSAL s’intéresse à l’optimisation des opérations de maintenance en aéronautique. Le projet FTX quant à lui, vise à développer des filtres performants pour des applications spatiales.
Étudier les moisissures pour réduire le gaspillage alimentaire
Le projet MYNION (MYcotoxiN migratION), porté par le LUBEM (UR 3882) et financé par l’ANR, vise à étudier les moisissures alimentaires et les mycotoxines qu'elles produisent, dans un but de limitation du gaspillage alimentaire.
En 2023, une campagne de science participative a permis de collecter plus de cinq cents échantillons diversifiés (fruits et légumes, produits laitiers, pain, confitures).
Les premiers résultats, révélés en 2024, montrent une prédominance des moisissures du genre Penicillium, dont 50 % environ produisent des mycotoxines, certaines potentiellement dangereuses pour la santé humaine. La prochaine étape, en cours actuellement, consiste à étudier la migration des toxines dans des aliments modèles pour déterminer si une fois contaminé, il est nécessaire de jeter l’intégralité de l’aliment ou si une partie reste consommable.
L’étude est complétée par une analyse des pratiques des consommateurs face aux aliments moisis, réalisée par le LEGO (EA 2652). Elle montre également que 75 % des répondants préfèrent jeter l’aliment entier, principalement pour des raisons visuelles, contribuant au gaspillage alimentaire.
Mieux diagnostiquer les thromboses grâce à la chimie
La maladie veineuse thromboembolique se caractérise par la formation d’un caillot sanguin qui peut obstruer la circulation sanguine, en particulier au niveau des artères pulmonaires.
Le projet ANR ThromPET, mené par le GETBO (UMR 1304) et le CEMCA (UMR 6521), vise à développer de nouveaux radiotraceurs, utilisés en imagerie TEP*, ciblant certains constituants des caillots pour distinguer les récents des anciens, ce qui n’est pour l’instant pas possible. Ces traceurs sont formés de trois éléments clés : une biomolécule de ciblage, un élément radioactif, visible par imagerie, et une molécule cage qui encapsule le radioélément et le lie à la biomolécule. L’objectif du projet est de trouver la meilleure combinaison : « Au CEMCA, notre rôle a été de fabriquer la cage qui va encapsuler le métal radioactif d’intérêt et former un complexe » indique Nathalie Le Bris, maître de conférences en chimie au CEMCA.
« L’étude biologique a maintenant commencé, avec la démonstration à l’aide de modèles in vitro, de la spécificité des radiotraceurs étudiés pour les constituants du thrombus », précise Catherine Lemarié, chargée de recherche Inserm au GETBO.
*Tomographie par émission de positons

Retour sur : le 48ème congrès conjoint de l’EUBS et MedSubHyp
Organisé par le laboratoire ORPHY (EA 4324) du 16 au 20 septembre 2024, le congrès a réuni 253 participants de 36 nationalités venus présenter leurs travaux au cours des 65 présentations, dont 6 conférences invitées.
Avec le soutien de l'UBO, l'IBSAM, les collectivités locales (Brest Métropole, le département du Finistère et la Région Bretagne) et une dizaine d’entreprises.
Accompagner les territoires face aux risques côtiers en France et au Québec
Les littoraux subissent des phénomènes d'érosion et de submersion marine amplifiés par le dérèglement climatique, mais aussi de fortes pressions démographiques et une augmentation croissante des constructions. Pour y faire face, les communes littorales vont devoir adapter leurs modes de gestion. Pour accompagner ces changements, une quarantaine de gestionnaires et de scientifiques en géographie, sociologie, économie et psychologie de l’UBO et de l’université du Québec à Rimouski (UQAR) sont réunis dans le cadre du projet ARICO (Adaptation aux Risques Côtiers), qui a pris fin en 2024.
Les résultats sont à la fois théoriques, avec une meilleure compréhension de la vulnérabilité des territoires, une analyse approfondie des politiques publiques et une meilleure compréhension des aspects psychosociaux de l’adaptation face aux risques. Mais aussi pratiques, puisque le projet a permis la co-construction de scénarios d’adaptation face aux changements globaux, notamment par la création de deux jeux de rôle adaptés aux deux territoires de prise de décision visant à projeter ces derniers dans un futur souhaitable.
Comprendre et accompagner la transition écologique des ports
Inaugurée en novembre 2024, la chaire « Transitions portuaires et maritimes » est la première chaire dédiée aux activités portuaires et maritimes en France. Cette chaire, portée par l’UBO et sa Fondation, en collaboration avec l’UBS, réunit une dizaine de partenaires institutionnels et industriels, pour créer un espace de dialogue entre les acteurs du monde portuaire et maritime.
Gaëlle Gueguen-Hallouët, professeure de droit public à AMURE (UMR 6308) et responsable scientifique de la chaire, souligne que « en associant les compétences académiques à l’expérience des praticiens, nous pourrons observer, comprendre et participer à la mise en œuvre des transitions dans le secteur portuaire et maritime. »
Eric Foulquier, maître de conférences au LETG-Brest (UMR 6554) et co-porteur scientifique de la chaire, précise que « la transition écologique induit une profonde transformation. Elle suppose le passage d'un modèle à un autre. Il faut se repenser. C'est un processus sans précédent pour les ports. »

L’océan est-il le maître du climat ?
De Paul Tréguer (LEMAR)
Septembre 2024, Éditions Apogée,
collection “Espace des sciences”, 72p., 12€