Yvan Pailler, Clément Nicolas et les secrets de la tombe de Leuhan

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Yvan Pailler, Professeur en archéologie à l'UBO et Clément Nicolas, archéologue au CNRS, ainsi que toute leur équipe de scientifiques et de volontaires, suivent les traces de Paul du Chatellier, préhistorien de la seconde moitié du XIXe siècle.

Après la découverte de la dalle en schiste gravée par, en 1900 au lieu-dit Saint-Prêtre à Leuhan, et sa redécouverte en 2021 au Musée d’Archéologie Nationale à SaintGermain-en-Laye, les fouilles se poursuivent au tumulus !  

En effet, en 2022, des fouilles ont permis de retrouver la tombe dont est extraite la dalle, qui s’est avérée être… la plus ancienne carte d’Europe !  

 

 

En 2023, financée par le Service régional de l’Archéologie de Bretagne et le Conseil départemental du Finistère, la troisième étape du chantier de fouilles a pour but d’étudier la tombe, afin de mieux comprendre l’histoire de la dalle gravée et sa réutilisation dans cette sépulture monumentale.  

 

À propos des fouilles du tumulus de Saint-Bélec

Paul du Chatellier est connu pour ses nombreuses fouilles de tumulus de l’âge du Bronze dans le Finistère. C’est lors de la fouille d’un de ces monuments en 1900 au lieu-dit Saint-Bélec (« Saint-Prêtre », en français) à Leuhan, qu’il a mis au jour une dalle en schiste gravée, qui formait la paroi ouest d’un grand caveau construit en pierres sèches. Intrigué par les gravures sur cette dalle, Paul du Chatellier organise son transport dans sa demeure à Pont-l’Abbé. Elle est par la suite achetée et affectée avec l’ensemble de sa collection au Musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye, puis peu à peu oubliée.

En 2021, sa redécouverte et une analyse approfondie de ses gravures ont permis de proposer une interprétation cartographique des motifs. Les motifs répétés de formes géométriques et de cupules (petits points gravés en creux) sont reliés par une série de lignes, qui établissent leur relation spatiale. Le relief ainsi créé permet d’identifier la haute vallée de l’Odet, fleuve côtier qui s’écoule en contrebas du tumulus de Saint-Bélec. D’autres lignes ramifiées ou formant des méandres semblent correspondre aux bassins versants voisins. Cette hypothèse, validée par des analyses statistiques, autorise pour la première fois à calculer l’étendue de l’espace figuré sur une carte préhistorique, soit ici un territoire de 30 par 21 km dans la région des Montagnes noires.

En 2022, de nouvelles fouilles permettent de retrouver la tombe de Saint-Bélec. Scellé par les déblais anciens, un foyer a pu être daté au radiocarbone de 1780 à 1670 avant notre ère confirmant l’attribution de cette tombe à la fin de l’âge du Bronze ancien. Cette période correspond à l’effondrement d’une société fortement inégalitaire, celle des « Princes armoricains », qui ont régné sur de petits royaumes répartis sur la Bretagne occidentale et la Basse-Normandie.  

Photo : vue de la tombe depuis l'ouest - ©Clément Nicolas

 

Photo : pointe de flèche armoricaine avec des bords dentelés retrouvée dans la tombe - ©Clément Nicolas

La presse en parle

 

Photo de couverture : la tombe en cours de fouilles - ©Clément Nicolas

 

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