La journée d’étude fera suite à deux événements inscrits dans le programme « L’urgence dans le texte-image : discours et esthétiques du temps court » de l’unité de recherche HCTI (UR 4249) : https://www.univ-brest.fr/hcti/fr/page/8-lurgence-dans-le-texte-image-discours-et-esthetiques-du-temps-court.
- « Penser l’urgence », 4 mars 2022.
- « Comment résister aux états d'urgence ? », 28 mai 2024.
« L’urgence médicale & humanitaire en temps de crise : analyse des pratiques, reconsidération des enjeux. »
Poursuivant la réflexion engagée sur les modalités, régimes et états de l’urgence environnementale (4 mars 2022) et juridique (28 mai 2024), dans une optique qui demeure résolument pluridisciplinaire, cette demi-journée d’étude sera consacrée aux questions que soulèvent les pratiques de l’urgence, envisagées selon une triple perspective : sociologique, historique et philosophique. L’objectif de cet événement de recherche est double. Il s’agira, d’une part, de mieux cerner les modalités de l’action en contexte d’urgence, telle qu’elle s’articule à des formes d’organisation spécifiques, institutions hospitalières ou ONG. Mais, en envisageant ces modalités d’action dans leur historicité, on s’interrogera également sur les transformations qui affectent les conditions mêmes d’une gestion organisée et anticipée des situations d’urgence, dans une époque où la notion de crise tend à constituer un horizon général et à désigner une réalité structurellement problématique, plutôt qu’un état de fait isolé et ponctuel. Si les pratiques de l’urgence médicale et humanitaire, par définition, travaillent dans la temporalité de la crise (à l’échelle de la vie d’un patient individuel, ou d’une communauté), ne nous trouvons-nous pas également, à un autre niveau, face à une crise de ces urgences elles-mêmes ?
A l’horizon de cette réflexion collective, c’est donc l’articulation des pratiques de l’urgence à un certain contexte politique que nous nous efforcerons de mieux comprendre, en examinant ce contexte dans son devenir historique, et en interrogeant les aspects structurants de ces pratiques dans leur matérialité même : modalités de financement, organisation du travail et répartition des tâches entre les différents acteurs, critères de hiérarchie des différents niveaux d’urgence, relation “aidant”/“aidé”, injonctions contradictoires, mise en discours et en images de l’urgence, etc. Mais si “crise” il y a, celle-ci pourrait en même temps constituer une occasion privilégiée d’interroger en profondeur les soubassements axiologiques de ces pratiques de l’urgence, pour mieux en appréhender les enjeux éthiques et politiques - sans céder à la tentation de se réfugier dans la représentation nostalgique d’un passé idéalisé. La situation critique, de ce point de vue, peut aussi bien jouer un rôle moteur dans la mise en œuvre d’une reconsidération épistémologique des pratiques de l’urgence, pour autant que la crise fonctionne comme un révélateur de ce qu’il y a d’essentiel, ou de problématique, dans le type de relation à l’autre que constitue l’acte d’assistance ou de soin, dès lors qu’il revendique un caractère prioritaire et qu’il se présente sous la forme d’une nécessité impérieuse, ou d’une obligation morale.
Programme (50 min / intervenant.e = 30min + 20min de discussion) :
- 13h45 : propos introductif.
- 14h-14h50 : Sylvie Morel, MCF en sociologie, Université de Nantes – CENS.
- 14h50-15h40 (par zoom) : Monique Beerli, Senior Lecturer in Global Studies, Université de Genève – GSI.
- 15h40-16h : pause.
- 16h-16h50 : Philippe Ouvrard et Patrice Poingt, Professeurs agrégés de philosophie, Université de Bretagne Occidentale.
- 16h50-17h : conclusion.