Un poète et chansonnier de langue bretonne : Prosper Proux, 1811-1873
Depuis l’édition de son premier recueil de vers, Canaouennou grét gant eur C’hernewod (Chansons composées par un Cornouaillais - 1838), Prosper Proux passe pour être le mouton noir du troupeau des écrivains bien-pensants de langue bretonne.
Il doit cette mauvaise réputation à la bourgeoisie de Guerlesquin (dont il faisait partie), au clergé local de son temps (bien qu’il n’en fût pas l’adversaire) et même à quelques ennemis politiques, jaloux de son influence et de sa popularité dans le canton de Plouigneau.
Une thèse d’université rédigée en breton et soutenue à Rennes par François Jaffrennou (Taldir) a ajouté, en 1913, quelques grains de soufre au feu de sa modeste gloire littéraire.
L’extrême rareté des exemplaires de ses oeuvres (la brochure déjà citée, plus le très sage Bombard Kerne - 1866 -) empêchait les amateurs de littérature bretonne de se former une opinion personnelle sur la qualité de ses compositions et sur le caractère de leur auteur.
Prosper Proux est rarement un poète profond, plus souvent un joyeux chansonnier, doublé d’un adaptateur des fables de La Fontaine. La présente réédition de ses œuvres – avec traduction française – ne prétend donc pas réhabiliter un génie méconnu des lettres bretonnes. Mais sa position spécifique, à la charnière d’un monde rural bretonnant et d’un univers urbain francophone ; la richesse et l’évolution originale de son écriture du breton ; le plaisir que procure encore, plus de cent ans après sa mort, la lecture des textes qu’il nous a laissés, justifient largement le désir de le présenter à un nouveau public.
16 x 23,5 cm