Intertextualités et imaginaires bibliques

Mise à jour le   26/10/2022

Responsable :
Daniel Attala

 

L’objectif général est d’analyser les rapports dynamiques entre les écritures dites « saintes » (notamment Bible juive et Bible chrétienne) et tout autre type de texte (littéraire, philosophique, politique, etc.), censé avoir un statut essentiellement différent (sécularisé, profane, etc.) desdites écritures. On constate une perméabilité considérable des textes « sacrés » aux textes « profanes ». Encore aujourd’hui, l’empreinte biblique est omniprésente dans les sociétés occidentales, et souvent aisément repérable. Est-ce un simple référent culturel incontournable, mais neutre, ou bien faut-il rechercher d’autres explications à ce phénomène ? Comment par ailleurs faut-il l’interpréter ? Est-ce lié à la fragilité et à l’instabilité des légitimités politiques et culturelles de nos sociétés actuelles que l’on dit en quête de sens ? Pourquoi les discours sécularisés semblent-ils ne pouvoir faire l’économie d’un rapport aux discours religieux ? Quelles sont les caractéristiques de ce rapport ? Pour répondre à ces questions, il faut tout d’abord tenter de poser correctement la question du statut et de la tension du texte « sécularisé » ou « profane » par rapport aux écrits sacrés.
Afin d’apporter la clarté épistémologique indispensable à toute démarche scientifique, les chercheurs intervenant dans ce projet se proposent de mener à bien une réflexion et un débat sur les enjeux d’ordre théorique et pratique, d’une recherche interdisciplinaire sur intertextualités et imaginaires bibliques. À ce propos, il sera nécessaire de dresser un tableau des catégories sur lesquelles faire porter la réflexion, au-delà des domaines disciplinaires spécifiques de chaque chercheur : descriptif/conceptuel/idéologique, sacré/profane, mythe/religion/littérature, littéral/figuratif, vie–vérité–histoire/littérature–fiction, orthodoxie/hétérodoxie–hérésie, Jérusalem/Babylone, ancien–nouveau, Jérusalem/Athènes–Rome, Bible/Homère–Virgile, etc.
Au-delà donc de la prise en considération de la Bible elle-même comme texte littéraire, nous entendons questionner l’influence de la Bible sur tout autre texte. Ces intertextualités peuvent être analysées selon plusieurs approches. A titre indicatif, trois modalités sont à signaler :

  1. une représentation ou relecture superficielle du texte biblique : il s’agit surtout de souligner la valeur d’exemple de certains épisodes et figures bibliques proposés comme des modèles à suivre ou à éviter ;
  2. une interprétation ou relecture profonde : en se détachant de plus en plus de l’autorité des Écritures, il s’agit de donner une signification nouvelle aux épisodes et figures bibliques, non seulement pour approuver le sens que leur donne le contexte originaire mais aussi parfois pour les en détourner jusqu’à leur attribuer une signification complètement différente ;
  3. une relecture archétypique ou traduction de la structure : il ne s’agit plus de reproduire des figures ou des épisodes mais certaines formes ou structures, rendues désormais reconnaissables à travers des situations qui en apparence n’ont aucun rapport avec la Bible.

 

Quant au domaine empirique sur lequel portera la recherche, l’actuel projet se propose de placer bien en amont l’espace de rencontre et de réflexion commune, laissant aux chercheurs une grande liberté dans le champ empirique, qui sera aussi vaste que nécessaire, sans pour autant mettre en péril l’unité de la démarche commune. La même remarque doit être faite sur les méthodes de travail et les modèles d’analyse textuelle employés. Les chercheurs participant pour le moment à ce projet sont issus des sections suivantes du CNU : 8, 9, 10, 11, 14.

 

Axes de travail et activités prévues

  • La Bible comme modèle de littérature, réservoir de mythes, de personnages et de motifs.
  • Mécanismes, modalités et enjeux de la recréation du texte biblique dans la littérature.
  • Utilisation du texte biblique à des fins protreptiques, exégétiques, parénétiques et hérésiologiques au sens du christianisme.
  • Intertextualités et imaginaires bibliques contemporains : rapport à la « crise », « postmodernité » ou « perte de repères » éthiques, politiques, esthétiques.
  • Usages « américains » du texte biblique : Paradis terrestre, Terre promise, Vieux Monde/Nouveau Monde, syncrétismes, etc.
  • Intertextualités bibliques et « genre »
  • Intertextualités bibliques et propagande politique