Les catholiques et la République. Finistère, 1870-1914
Quatrième de couverture
Que se passe-t-il quand un groupe social profondément religieux doit s’adapter à un système politique radicalement laïque ? Cette question, actuelle s’il en est, fut aussi celle de bon nombre de catholiques finistériens confrontés à la République de Jules Ferry et d’Émile Combes. Pour ses partisans, au tournant du XIXe et du XXe siècle, la République était un régime. Pour « les populations fanatiques et cléricales du Léon », comme les qualifiait en 1888 le préfet du Finistère, elle était une doctrine, hostile à leurs croyances et à leurs coutumes. On verra comment, la restauration de la monarchie devenant de plus en plus improbable, les jeunes prêtres de la génération Léon XIII, qui faisaient en effet l’opinion dans les campagnes du Léon – moins en Cornouaille ou en Trégor – se sont ralliés au régime républicain pour essayer de le transformer de l’intérieur, tout en développant un puissant réseau d’oeuvres sociales afin d’accompagner le progrès tout en en gardant le contrôle. On verra également l’action énergique menée à Brest, ville militaire et ouvrière, par le curé de l’emblématique paroisse Saint-Louis, l’abbé Roull, dans un jeu triangulaire complexe entre catholiques, libéraux et socialistes. Avec, au bout du compte, les premiers signes – l’avènement d’un militantisme féminin autonome, par exemple – d’un effet paradoxal de cette stratégie contresociale : la modernisation interne d’un catholicisme qui s’était promis de catholiciser la modernité.
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure, agrégée d’Histoire, Maître de conférences honoraire à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest), Marie-Thérèse Cloître a notamment publié une étude fondamentale sur Brest et la mer, 1848-1874 (Brest, UBO/CRBC, 1992). On lui doit de nombreux travaux d’histoire politique, sociale et religieuse, au croisement des trois champs d’étude que sont la Bretagne, la Marine et l’Église catholique à l’époque contemporaine.