La sociabilité à l’épreuve des rapports de force, au Siècle des Lumières, en Grande-Bretagne et en France

Mise à jour le   26/10/2022

Responsable :
Annick Cossic

 

Ce sous-axe s’inscrit dans la continuité des travaux des membres de HCTI (Annick Cossic, responsable du projet |LS|UBO|RS|, Norbert Col |LS|UBS|RS| Ioana Galleron |LS|UBS|RS|, Alain Kerhervé |LS|UBO|RS|) du projet MSHB (2009-2011) « La sociabilité en France et en Grande-Bretagne au Siècle des Lumières : l’émergence d’un nouveau modèle de société » qui réunit 10 chercheurs de différentes disciplines (anglais, lettres, médecine) appartenant à six universités françaises et britanniques. La finalité de ce projet de trois ans est d’explorer les différents modes de sociabilité qui sont devenus opérationnels au Siècle des Lumières en Grande-Bretagne et en France afin de déterminer comment ils ont pu favoriser l’émergence d’un nouveau modèle de société. Les attendus scientifiques sont une meilleure compréhension du concept de sociabilité pour chacune des deux nations, avec la possibilité d’une remise en question de la suprématie du modèle français de sociabilité, voire d’une inversion du schéma traditionnel de supériorité française en matière de sociabilité. A ce stade d’avancement des travaux, la sociabilité a été étudiée comme forme d’interaction, ainsi qu’elle a été définie dans Sociologie et Epistémologie (1917) par G. Simmel qui utilise le terme de Geselligkeit et pour qui la sociabilité est « le fait d’être avec d’autres personnes agréablement ». Pour Simmel, elle constitue « la forme la plus pure de la réalité sociale |LS|…|RS| c’est-à-dire le lien de réciprocité qui flotte en quelque sorte librement entre les individus ». Le caractère spontané de l’association d’individus tel qu’il est mis en évidence par Simmel, le principe de plaisir qui semble l’accompagner font de la sociabilité un idéal permettant d’éviter les rapports de force.
Il s’agira alors, dans le cadre du projet quadriennal de HCTI (2012-2015) d’examiner comment la sociabilité peut résister aux rapports de force, si elle ne porte pas en elle-même les germes d’une domination de l’individu, dans la mesure où elle est d’abord rencontre avec l’autre. Les chercheurs de l’équipe, spécialistes du dix-huitième siècle britannique et français, se proposent d’orienter leurs recherches selon cinq axes principaux :

 

Pistes de réflexion

 

  1. Les rapports de force au sein des cercles en Grande-Bretagne et des salons en France : l’utilisation de la rhétorique comme instrument de domination, les querelles littéraires (luttes symboliques) politiques et scientifiques.
  2. La dialectique de la domination et de l’assujettissement dans les rapports entre hommes et femmes au sein des espaces de sociabilité.
  3. Entre amitié et hostilité : les échanges entre Français et Britanniques lors de périodes de crise, de tensions ou de guerre entre les deux pays. Ceci nous amènera à nous intéresser à la politique informelle et à d’autre part essayer de définir le rôle de la sociabilité dans cette oscillation entre francophilie et francophobie qui caractérise le dix-huitième siècle britannique.
  4. Nous envisagerons d’autre part la sociabilité sous forme de luttes d’influence entre la province et la capitale : émulation, imitation et agression.
  5. Enfin nous explorerons une piste relativement peu connue, celle de la sociabilité des couches populaires, elle aussi mise à l’épreuve des rapports de force intra-institutionnels et extra-institutionnels. Il faudra alors examiner et vérifier l’hypothèse de conflits de classe sur le terrain de la sociabilité.