1. Structures et systèmes dans les Amériques

Mise à jour le   25/10/2022

Porteurs du programme :
MC Michaud (PR), Jean-Marc Serme (MCF)

 

Collègues HCTI impliqués dans le programme :
J.-L. Benoit (MCF HDR émérite), M. Chatalic (MCF), L. Delmas (associée), M.J. Fernandez (MCF HDR), F. Gavillon (MCF), M. Guennec (MCF), F. Le Corguillé (associé), E. Mullen (MCF), P. Pilote (MCF), JM Serme (MCF), R. Haudidier, A. Rémy (doctorant).
 

Présentation du projet scientifique (références bibliographiques incluses) :
En continuité avec les deux contrats quinquennaux précédents, le programme proposé ici cherchera à mettre en avant les questions d’identité en relation avec celles de groupes, de communautés, de nations dans la perspective de mettre la spécificité des Amériques en exergue.

Inspiré d’une part par les théories de Deleuze sur les systèmes - l’homme étant une machine sociale - et par son concept de rhizome repris et développé par Edouard Glissant, et d’autre part fondé sur celles de Benedict Anderson concernant la construction des nationalismes, ce programme scientifique s’attachera à révéler les structures et les systèmes qui régissent les sociétés américaines, les relations entre individus et entre individus et société. L’aversion d’une partie de la population étatsunienne pour le multiculturalisme et le multilatéralisme, couplée au sentiment d’abandon de nombreux groupes sociaux révélé par l’élection de Donald Trump ou l’essor des néo-populismes dans le reste du continent américain, fournissent un exemple de réaction structurelle à un ordre social et politique perçu comme déficient et en perte de repères. Au niveau hémisphérique, un organisme continental comme l’Organisation des États Américains s’appuie sur quatre axes principaux que sont les droits de l’homme, la sécurité, la démocratie et le développement Cette organisation propose des commissions qui travaillent à une certaine convergence des systèmes juridiques des États membres, ou encore tentent d’étendre la coopération pour une meilleure protection des enfants, du droit des femmes ou du développement de l’agriculture. À l’intérieur de chaque pays, des modèles dominants et d’autres, contestataires ou alternatifs, sont souvent en concurrence. Qu’il s’agissent de groupes minoritaires, autochtones ou immigrés, d’une catégorie de personnes comme les femmes, les homosexuels ou les personnes âgées, ou bien encore des groupes contestataires de l’ordre établi comme des écologistes ou des militants de la cause animale, elles et ils peuvent s’approprier une partie au moins de la structure ou du système dominant à des fins d’autonomie, de progrès économique, de réorganisation sociale, de changement d’orientation politique ou environnementale, voire de survie du groupe dominé. Ces ré-interprétations et contestations du système n’empêchent donc pas un ancrage dans ce même système, voire une participation partielle et temporaire du groupe à celui-ci. Mais elles envisagent de nouvelles modalités, de nouvelles bases même, comme on le voit dans les discours sur la transition climatique ou l’intégration des immigrés pour renouveler, transformer, ou remplacer les systèmes et les structures existants.

 

 

 

Le programme ici proposé pourra également se pencher sur l’analyse des différentes idéologies « américanistes » censées construire une certaine idée de l’« Amérique ». La doctrine Monroe et le Panaméricanisme, le « latinoaméricanisme » ou l’« hispanoaméricanisme », et même la pan-ethnicité ont été autant d’essais de faire de l’ensemble du continent américain ou bien d’une partie de celui-ci une unité de sens, peut-être dans le but de s’organiser pour former un tout, peut-être pour imposer un modèle américain au reste du monde. Il serait ainsi intéressant de réfléchir à cette dimension idéologique qui a amené les pays qui forment les Amériques à se définir par rapport aux autres continents. Que reste-t-il de la dialectique Nouveau-Ancien Mondes ? Ainsi, ce programme mettra en exergue les réflexions sur les identités du « nous » américain qui a abouti à la construction de différentes structures et systèmes d’intégration régionale (USMCA, Mercosur, ALBA, etc.) destinés à donner une dimension politique et socio-économique réelle et concrète à ces différentes visions de l’Amérique.

Le programme s’appuiera sur une approche pluridisciplinaire fondée sur l’analyse de discours, la linguistique, les arts visuels (cinéma, photographie ou peinture), la littérature, l’étude des médias ou de la fiction, la sociologie ou encore l’histoire. Cette démarche permettra de comprendre les structures et les systèmes telles que les Amériques les créent, les conçoivent, les façonnent ; elle vise simultanément à expertiser l’impact et les mécanismes issus de ces structures et systèmes sur/dans les Amériques.

Il pourra s’agir d’analyser les fondements de la société, de voir comment fonctionnent les systèmes de socialisation et sociétaux, les structures du fédéralisme ou de l’étatisme, les systèmes économiques régionaux, étatiques ou sub-étatiques, les structures politiques marginales comme les gouvernements tribaux ; un accent sera mis sur les modes de recomposition des sociétés dus aux migrations internes et externes, au transnationalisme, les consolidations ou fragilisations des frontières, les systèmes d’échange et de soutien entre diasporas et les familles restées au pays. La montée en puissance des villes-mondes et les politiques environnementales seront également étudiées dans la perspective de définir une spécificité du continent américain (s’il en est). Et puisque HCTI et notre programme ont la particularité de faire reposer leurs recherches sur les liens entre texte et image, la façon dont les littératures et les productions artistiques américaines s’inscrivent dans les systèmes politiques, culturels ou sociaux, les définissent ou les critiquent servira de tremplin aux diverses analyses.
Notre hypothèse est qu’il existe des structures communes à divers pays américains (donc l’approche comparative sera appréciée). Ainsi, ce programme s’attachera à montrer dans quelle mesure et de quelle manière on peut même penser ces systèmes et structures au niveau continental/hémisphérique (archipélique ou rhizomatique toujours pour reprendre Glissant).

Ainsi, deux projets se précisent déjà : l’un sur le transnationalisme dans/de/vers les Amériques (mis en place dès 2019 et intitulé « ILA, Ici, là-bas, ailleurs : Les Amériques et les mobilités trans-impériales, trans-coloniales et trans-nationales - XVI-XXIe siècles »). L’autre projet, intitulé « Pratiques et valeurs traditionnelles de la modernité autochtone », propose d’étudier la place des savoirs traditionnels des sociétés amérindiennes et de s’interroger sur leur pérennité et leur transmission dans le cadre plus large des sociétés non-autochtones dans lesquelles elles sont incluses.

 

 

 

Les collaborations avec d’autres laboratoires (notamment du pôle ouest du GIS Institut des Amériques) et institutions (Archives nationales, CIEMI) déjà existantes seront poursuivies et même renforcées. Concernant les deux projets phares du programme, des collaborations ont déjà été initiées :

  • Projet ILA : avec les laboratoires CRBC (UBO), 3L.AM (Le Mans-Angers), l’Université Paris-Lumières, l’université de Roma3 (Italie), et CUNY (New York, États-Unis).
  • Projet « Pratiques et valeurs traditionnelles de la modernité autochtone » : avec le CRBC (UBO), les universités de Nantes, Bordeaux, Nanterre, Orléans.

 

  • Un colloque tous les deux ans.
  • Deux séances de séminaire par an, en alternance par semestre un à Lorient et l’autre à Brest.
  • L’organisation d’un séminaire pour doctorants sera encouragée.
  • Des conférences ponctuelles données par des chercheurs extérieurs à HCTI (en visio-conférence avec l’autre site).
  • Publication des interventions (des séances de séminaires et des conférences), une à mi-contrat et l’autre en fin de contrat ; les actes des colloques seront publiés dans des volumes à part.