Trajectoires de transitions écologiques et urbanistiques des territoires.
Habilitation à diriger des recherches
Jérôme Sawtschuk
L’étude des transitions, passages d’un état à un autre, permet de documenter et de synthétiser les dynamiques de systèmes complexes comme les écosystèmes ou les territoires. Quels sont les états intermédiaires, les blocages, les trajectoires nouvelles, imprévues ou alternatives ? Dans mes recherches, l’analyse de ces transitions permet d’explorer les dynamiques de la végétation et des paysages, les processus de restauration écologique, les nouvelles pratiques de mobilité et les tentatives de bifurcation écologique de la société. L’anthropocène mis en débat par Crutzen et Stroemer décrit l’hypothèse d’un passage vers une nouvelle ère des humains. Cette transition, non validée par les géologues fournit un cadre conceptuel qui a infusé dans d’autre disciplines scientifiques. Elle décrit des dynamiques environnementales globales dominées par certaines activités anthropiques et questionne les responsabilités et les capacités d’actions d’humains devenus des « intendants » de socio-écosystèmes. Est-il encore possible de ralentir, d’inverser la tendance, de restaurer les écosystèmes ? Les mesures écologiques multisectorielles (urbanisme, transports, biodiversité) proposées en France depuis le Grenelle de l’environnement ont fait face à des résistance sociales et économiques. La transition énergétique n’a pas eu lieu avec le point bloquant de la décarbonation du secteur des transports. La ville en transition des circuits courts et de la sobriété foncière n’a pas vu le jour. Je développe une recherche transdisciplinaire en lien et en équipe avec des acteurs des territoires pour construire et partager les bases d’un savoir « hybride scientifique et socialement pertinent » et tenter de contribuer aux transformations sociétales des territoires. L’écologie de la restauration est une discipline que je mobilise depuis une vingtaine d’années dans ce cadre pour décrire les effets de l’aménagement et de l’urbanisation sur des écosystèmes. Les trajectoires étudiées (haut de falaise, estuaire, fond de vallée) montrent une résilience jusqu’à un certain seuil de dégradation. Les dynamiques de restauration de la végétation sont plus aléatoires après la réhabilitation d’infrastructures (parking, bâtiments, décharge). La restauration écologique, même active, montre des limites pour atteindre les objectifs de réduction de l’artificialisation des sols. Mes travaux s’orientent aussi à présent vers l’étude des parcours d’engagement et de désengagement pour identifier les blocages et les leviers à la transition urbanistique, notamment dans le domaine de la mobilité : l’autopartage entre particuliers, pratique émergente, pourrait-il contribuer au virage de la démotorisation ?
Jury :
Nicolas Buclet, Professeur, Université Grenoble Alpes
Isabelle Combroux, Professeure, Université de Strasbourg
Emmanuel Corcket, Professeur, IMBE, Marseille
Thierry Michot, Professeur, UBO, Brest
Nicole Roux, Professeure, UBO, Brest
Thierry Tatoni, Professeur, IMBE, Marseille